Au hasard d’un séjour en Corée, Emmanuel Gréau a eu l’idée de vendre des lunettes de vue sur Internet. 4 ans après, il est à la tête du leader français du secteur, à cheval entre Séoul et Nantes. L’art de concilier croissance et équilibre.

emmanuel Greau, direct-opytique
Avec 5 000 euros de mise de départ, Emmaneul Gréau s’est hissé au premier rang des sites de vente de lunettes de vue.

Pouvez-vous nous présenter Direct-Optic en quelques mots ?
Direct-Optic est le premier site de vente de lunettes de vue par Internet, que ce soit d’un point de vue historique, puisque nous avons démarré en mars 2008, ou en termes de volumes de vente. Nous vendons actuellement uniquement sur le marché français mais nous avons aussi une structure d’une dizaine de personnes en Corée du Sud qui nous sert pour le sourcing et les approvisionnements, mais aussi pour le développement technologique et le marketing.  En France, nous avons un atelier de montage, notre plate-forme logistique, nos 6 magasins et l’équipe administrative, soit une vingtaine de personnes.

Comment est venue l’idée de créer Direct Optic ?
Pendant mon VIE (volontariat international en entreprise, NDLR) chez Faurecia en Corée, j’ai acheté des lunettes et je me suis rendu compte que je les payais quatre fois moins cher qu’en France alors que ce sont les mêmes verres et les mêmes montures. Il y avait forcément quelque chose à faire sur le marché français de la lunette en nous fournissant à des tarifs pareils. Mais, avec mon futur associé Karim, qui était aussi chez Faurecia, nous n’avions pas les moyens de financer la création d’un réseau de boutiques. Le seul moyen que nous avons trouvé pour vendre nos produits, c’était de faire un site internet. Voilà comment est né direct-optic.fr pour la modique somme de 1500 euros !

Le chiffre qui résume Direct-Optic ?
50 000 : c’est le nombre de clients cumulés depuis notre lancement.

Quels ont été les trois principaux facteurs du succès de Direct-Optic ?
D’abord la capacité à sourcer au plus près et à éviter les intermédiaires. Ensuite, notre rigueur sur les dépenses, notre côté économe. Enfin, notre attention au bien-être et à la progression des équipes. Aujourd’hui, je les mets en position de monter en compétences pour que nous puissions avancer plus vite.

Emmanuel Gréau dans le local de préparation des envois de lunette : « Chacun doit remettre en question son travail »

Quelle est l’erreur qui aurait pu vous coûter cher ?
Il y en a tellement… La mauvaise association au départ que ce soit avec les co-fondateurs ou avec un actionnaire. L’autre risque, c’est de ne pas piloter très finement sa trésorerie : nous, nous avons un plan de trésorerie mensuel et nous faisons très-très attention. C’est ce qui nous permet d’anticiper d’éventuels soucis. Ce qui nous aurait sans doute « tué », ça aurait été de rester en Corée sur un positionnement de simple boutique en ligne : c’est mon retour en France, en mai 2009, qui nous a permis de caler notre modèle économique et d’accélérer sur le marché français. Sans cela, nous aurions été certainement dépassés par nos concurrents.

Quels sont les principes de management qui vous tiennent le plus à coeur ?
L’amélioration continue : chacun doit remettre en question son travail et me remonter ses soucis ou ses idées. C’est comme cela par exemple que, pour régler un problème de pénibilité au service expédition, nous avons remplacé le rouleau de scotch par le pistolet à colle pour sceller nos colis. C’est plus confortable, plus simple, plus rapide… A chaque fois qu’il y a un problème, on cherche à trouver une solution rapidement, en permanence. C’est pareil sur Internet : il y a tellement de concurrence qu’on ne peut pas ne pas progresser quotidiennement.

Un conseil un seul pour un entrepreneur débutant ?
Persévérer. Si on se décourage au premier écueil, ce n’est même pas la peine de se lancer. Attention également à ne pas laisser reposer son business plan sur des hypothèses non pérennes. Lorsque nous avons lancé notre activité, pour attirer des visiteurs, nous achetions des mots clés sur Google à 10 centimes le clic. Aujourd’hui, avec l’arrivée de la concurrence, le prix du clic est passé à 60 centimes. Si nous n’avions pas anticipé cette évolution et mis en place d’autres actions, cela aurait pu nous fragiliser.

Que vous apporte votre présence dans l’agglomération nantaise ?
Surtout le soutien d’un réseau local, de proximité. Pour un chef d’entreprise, c’est bien d’avoir des attaches locales. Moi, je suis vendéen. Etre sur Nantes m’a permis d’avoir un petit réseau local d’entrepreneurs : nous partageons nos expériences et ça me permet de grandir. C’est très important. L’entrepreneur est souvent seul et trouve rarement quelqu’un dans son entourage pour partager ses soucis quotidiens. Des réseaux comme Entreprendre, Atlantique 2.0 ou les Founder’s Dinners me permettent d’être en contact avec des gens qui partagent mes problématiques.

Si vous pouviez diriger une autre entreprise, ce serait…
Ma femme est une chinoise d’Indonésie, j’ai vécu 7 ans en Asie et j’aime beaucoup la nourriture asiatique. J’aimerais bien, plus tard, essayer de faire connaitre ces saveurs aux Français dans le cadre d’une autre aventure d’entreprise. Plus localement, j’ai une attirance historique pour l’industrie de la brioche vendéenne.

Votre entreprise dans 5 ans ?
Nous sommes toujours leader de la vente de lunettes par Internet. Nous faisons 50% du marché de la lunette en ligne. Et nous sommes présents à l’international.

Si vous deviez remercier quelqu’un ou quelque chose, qui cela serait-il et pourquoi ?
Si je ne dois en citer qu’un, ce sera mes parents. Ils ont toujours été là pour moi. Quand on a lancé Direct-Optic, personne ne croyait en nous. Mes parents, eux, m’ont toujours soutenu. Ma mère a même assuré la logistique des envois de lunettes en France quand nous étions encore basés en Corée.

Une bonne adresse à Nantes ?
Le restaurant « Au Retour du marché » à Sautron.

Quand vous recrutez, à quoi attachez-vous le plus d’importance chez un candidat ?
A compétences égales, je me base sur le savoir-vivre et le savoir-être. C’est assez subtil : ce sont des signaux faibles sur la façon dont se comporte le candidat avant, pendant et après l’entretien. L’humilité est notamment un point important pour moi.

Le dernier livre que vous avez lu ?
« Founders at Work » de Jessica Livingston. Ce sont des histoires d’entrepreneurs. Ma préférée, c’est Yahoo parce qu’elle n’est pas finie…

Propos recueillis par Euptouyou

Direct-Optic / Chiffres clés

  • Chiffre d’affaires : + de 2M€ en 2011, croissance en 2012
  • Résultat net : « A l’équilibre »
  • Effectifs : 30 personnes, 40 en 2013
  • Actionnariat : Fondateurs majoritaires

Emmanuel Gréau / Parcours

  • 1982 : naissance à Séoul, vendéen d’adoption
  • Formation : ESC La Rochelle, University of International Business & Economics (Beijing), Fort Lewis College (Colorado), Geumgang University (Corée du Sud)
  • Parcours professionnel : Faurecia (VIE, 2007) > Direct-Optic.fr

Direct-Optic / Dates clés

  • 2007 : création de la société depuis Séoul avec Karim Khouider
  • 2008 : ouverture du site marchand direct-optic.fr
  • 2009 : Emmanuel Gréau revient en France – Ouverture de la première boutique, route de Vannes à Orvault qui permet notamment d’obtenir l’agrément de la sécurité sociale.
  • 2010 : ouverture des boutiques à Bordeaux, Marseille
  • 2011 : levée de fonds, ouverture de la boutiques à Paris
  • 2012 : Ouverture des boutiques à Lyon et Toulouse, campagne TV,  reportage TV sur « Capital »…

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